Couleur liturgique : violet
Évangile selon saint Luc 9, 28b-36
En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier. Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante. Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem. Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, restant éveillés, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. Ces derniers s’éloignaient de lui, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! Faisons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il ne savait pas ce qu’il disait. Pierre n’avait pas fini de parler, qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent. Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! » Et pendant que la voix se faisait entendre, il n’y avait plus que Jésus, seul. Les disciples gardèrent le silence et, en ces jours-là, ils ne rapportèrent à personne rien de ce qu’ils avaient vu.
190317 Lc 9, 28b-36 Un avant-goût du Royaume, la Transfiguration du Christ.mp3 |
« Écoute, Seigneur, je t’appelle ! Pitié ! Réponds-moi ! Mon cœur m’a redit ta parole : ‘’Cherchez ma face.’’ C’est ta face, Seigneur, que je cherche : ne me cache pas ta face. (…) Tu restes mon secours. » (du psaume de ce dimanche)
Vivre pleinement ma vie sur terre, et la vivre en Jésus, comme fils dans le Fils.
Cette méditation provient en grande partie du Catéchisme de l’Église catholique (CEC), Les mystères de la vie du Christ, Un avant-goût du Royaume : la Transfiguration, nos 554-556.
1. À partir du jour où Pierre a confessé que Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant, le Maître « commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait partir pour Jérusalem, y souffrir (...) être mis à mort et, le troisième jour, ressusciter » (Mt 16, 21) : Pierre refuse cette annonce (cf. Mt 16, 22-23), les autres ne la comprennent pas davantage (cf. Mt 17, 23 ; Lc 9, 45). C’est dans ce contexte que se situe l’épisode mystérieux de la Transfiguration de Jésus (CEC 554) que nous écoutons aujourd’hui.
« Pour un instant, Jésus montre sa gloire divine, confirmant ainsi la confession de Pierre. Il montre aussi que, pour « entrer dans sa gloire » (Lc 24, 26), il doit passer par la croix à Jérusalem. Moïse et Élie avaient vu la gloire de Dieu sur la montagne ; la Loi et les prophètes avaient annoncé les souffrances du Messie (cf. Lc 24, 27). La Passion de Jésus est bien la volonté du Père : le Fils agit en Serviteur de Dieu (cf. Is 42, 1). La nuée indique la présence de l’Esprit Saint : « Toute la Trinité apparut : le Père dans la voix, le Fils dans l’homme, l’Esprit dans la nuée lumineuse. » (Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique 3, 45, 4, ad 2).
« Tu t’es transfiguré sur la montagne et, autant qu’ils en étaient capables, tes disciples ont contemplé ta gloire, Christ Dieu, afin que lorsqu’ils te verraient crucifié, ils comprennent que ta Passion était volontaire et qu’ils annoncent au monde que tu es vraiment le rayonnement du Père (Liturgie byzantine, Kontakion de la fête de la Transfiguration). » (CEC 555)
2. « Au seuil de la vie publique : le baptême ; au seuil de la Pâque : la Transfiguration.
Par le baptême de Jésus « fut manifesté le mystère de notre première régénération » : notre baptême ; la Transfiguration « est le sacrement de la seconde régénération » : notre propre résurrection (Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique 3, 45, 4, ad 2). Dès maintenant nous participons à la Résurrection du Seigneur par l’Esprit Saint qui agit dans les sacrements du Corps du Christ. La Transfiguration nous donne un avant-goût de la glorieuse venue du Christ « qui transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire » (Ph 3, 21). Mais elle nous rappelle aussi « qu’il nous faut passer par bien des tribulations pour entrer dans le Royaume de Dieu » (Ac 14, 22) : cela Pierre ne l’avait pas encore compris quand il désirait vivre avec le Christ sur la montagne (cf. Lc 9, 33).
Il t’a réservé cela, Pierre, pour après la mort. Mais maintenant il dit lui-même : Descends pour peiner sur la terre, pour servir sur la terre, pour être méprisé, crucifié sur la terre. La vie descend pour se faire tuer ; le pain descend pour avoir faim ; la voie descend pour se fatiguer en chemin ; la source descend pour avoir soif ; et tu refuses de peiner ? (Saint Augustin, Sermon 78, 6 : PL 38, 492-493). » (CEC 556)
3. Ainsi la promesse du Seigneur nourrit à la fois notre espérance et nous aide à vivre la vie sur terre, telle qu’elle est, avec sa part de souffrances. La liturgie de ce dimanche nous le répète dans toutes les lectures. Promesse du Seigneur de vivre avec lui, en lui, certes, en plénitude lorsque nous aurons notre corps glorieux, mais aussi en partie et réellement dès aujourd’hui, ici même, par la communion avec lui. Nous l’entendons dans la deuxième lecture : « Mais nous, nous avons notre citoyenneté dans les cieux, d’où nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus-Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux . » Nous entendons aussi la promesse que Dieu fait à Abraham de la terre, d’un pays pour lui et sa descendance. Il est le Dieu qui prend soin de ses enfants et qui donne en surabondance. Et Abraham a foi en lui, s’abandonne à sa Providence. Ainsi avec Abraham et Paul, et bien d’autres qui nous ont précédés dans la foi et l’espérance, nous pouvons prier le psaume : « J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants. Ils nous encouragent tous dans notre pèlerinage terrestre : ainsi, mes frères bien-aimés pour qui j’ai tant d’affection, vous, ma joie et ma couronne, tenez bon dans le Seigneur, mes bien-aimés. » (Deuxième lecture, Ph 4, 1)
« Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui aurais-je crainte ? Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerais-je ? » (du psaume de ce dimanche)
Faire un acte d’acceptation de la vie que j’ai, telle qu’elle est, avec ses joies et ses souffrances et renouveler ma confiance dans les promesses que le Seigneur m’a faites.