Couleur liturgique : violet
Évangile selon saint Luc 9, 22-25
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. » Il leur disait à tous : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera. Quel avantage un homme aura-t-il à gagner le monde entier, s’il se perd ou se ruine lui-même ? »
190307 Lc 9, 22-25 Marcher dans ses chemins.mp3 |
Dire ou chanter ces paroles :
Ne crains pas, je suis ton Dieu,
C'est moi qui t'ai choisi, appelé par ton nom.
Tu as du prix à mes yeux et je t'aime.
Ne crains pas car je suis avec toi.
Ouvre-mon cœur, Seigneur, à ta Parole, afin qu’elle touche le plus profond de mon être et me guérisse.
1. « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. »
Nous entrons dans le Carême. Il y a des passages que l’on aimerait bien rayer de l’Évangile. Celui-ci par exemple. Pourquoi présenter un christianisme doloriste ? Pourquoi parler de la souffrance, voire même souvent la glorifier ? Jésus n’est-il pas venu apporter l’amour et la paix ? Même sainte Thérèse d’Avila, au milieu d’épreuves et de contradictions, disait non sans humour au Christ que s’il traitait tous ses amis comme il le faisait avec elle, elle n’était pas étonnée qu’il en ait si peu !
La quête philosophique ou spirituelle de l’homme vise la plupart du temps à résoudre le problème de la souffrance : épicuriens ou bouddhistes l’ont fait à leur manière, notre société semble adorer le dieu du plaisir sous toutes ses formes sans pour autant sembler se satisfaire. Personne jusqu’à nos jours n’est arrivé à se débarrasser de la souffrance.
2. « Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera. »
Jésus, en se faisant homme comme nous, n’a pas choisi le chemin facile. Il souffert dans sa chair, dans son esprit et dans ses affections du début à la fin de sa vie terrestre. Tout un Dieu qui accepte de souffrir… N’y a-t-il pas là un mystère à percer ? Jésus ne veut-il pas nous montrer que, ne pouvant lui non plus résoudre ici-bas le problème de la souffrance, qui est la conséquence du péché originel et du mauvais usage de la liberté humaine, il a choisi de nous y accompagner, de la vivre à nos côtés, de la porter avec nous ? Paul Claudel l’avait déjà si bien dit : «Dieu n'est pas venu supprimer la souffrance. Il n'est même pas venu l'expliquer, mais il est venu la remplir de sa présence. » Car finalement la solitude n’accroît-elle encore pas plus la souffrance ?
Ces passages de l’Évangile, difficiles à entendre, ne peuvent se comprendre qu’en parallèle avec d’autres. Celui d’aujourd’hui prend un sens différent si l’on garde en tête ces mots de Jésus : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. » (Mt 11, 28-30) Entrer par la porte étroite de l’Évangile est peut-être le chemin pour comprendre ces passages difficiles à entendre.
3. « Je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie. » (Dt, 30, 19)
Faut-il se résigner face à la souffrance ? Non. Mais quand celle-ci frappe à nos portes, ou plutôt force les portes de notre vie, deux attitudes sont possibles. L’une, choisir la vie : nous ouvrir à l’autre, au Seigneur qui veut nous accompagner dans ceux qui sont à nos côtés pour cheminer avec nous pendant nos épreuves, nous apportant le réconfort de leur présence, de leurs attentions, de leur tendresse. L’autre, choisir la mort : nous renfermer sur nous-mêmes et refuser toute aide, présence et réconfort. Ce n’est certes pas facile, et certaines épreuves sont si lourdes qu’elles nous empêchent de contrôler nos réactions. Seul le fruit de la grâce peut nous aider à faire ce pas et ouvrir de part en part les portes de notre cœur au Seigneur. Le Deutéronome dans les lectures d’aujourd’hui nous donne une piste pour cela : « Ce que je te commande aujourd’hui, c’est d’aimer le Seigneur ton Dieu, de marcher dans ses chemins. » Dans nos épreuves, regarder et imiter le Christ lui-même qui, dans la souffrance atroce du Chemin de croix, s’est laissé accompagner de Marie, sa mère, du Cyrénéen, de Véronique et des saintes femmes de Jérusalem.
Parler avec mes propres mots et ma vie de mes souffrances au Seigneur et ouvrir mon cœur à sa présence qui console et guérit.
Accepter de me laisser aider et accompagner dans mes épreuves et mes souffrances aujourd’hui.