Couleur liturgique : violet
Évangile selon saint Matthieu 18, 12-14
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quel est votre avis ? Si un homme possède cent brebis et que l’une d’entre elles s’égare, ne va-t-il pas laisser les 99 autres dans la montagne pour partir à la recherche de la brebis égarée ? Et, s’il arrive à la retrouver, amen, je vous le dis : il se réjouit pour elle plus que pour les 99 qui ne se sont pas égarées. Ainsi, votre Père qui est aux cieux ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu. »
191210 Mt 18, 12-14 La brebis perdue.mp3 |
Maranatha, viens Seigneur Jésus, nous t’attendons !
Seigneur, en ce temps de l’Avent, de l’attente qui nous prépare à ta venue, augmente en moi la foi, l’espérance et la charité.
1. Dans les chapitres qui précèdent cet Évangile, Jésus a longuement parlé du Royaume ; Pierre a confessé : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » (Mt 16, 16) ; Jésus a été transfiguré (Mt 17, 1-8) et s’est présenté comme celui qu’Israël attendait pour l’établissement du Royaume de Dieu. L’Évangile du jour se situe dans le chapitre 18 de Matthieu qui commence par une question des disciples : « Qui donc est le plus grand dans le royaume des Cieux ? »
Jésus est en train d’enseigner à ses disciples ce qu’est son royaume, comment on en fait partie et quelles sont les lois qui le régissent : en effet, la plupart des juifs à l’époque attendaient un roi qui les libèrerait de l’oppression romaine, dans une perspective politique. Or nous le savons, Jésus est venu instaurer parmi nous un autre type de royaume, le royaume des cieux, dans lequel, pour y entrer, il faut avoir un cœur d’enfant dépourvu de tout calcul : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. » (Mt 18, 3)
2. La parabole de la brebis perdue est placée entre les enseignements de Jésus sur le scandale (Mt 18, 6-10) et la correction fraternelle (Mt 18, 15-17). Ce contexte nous donne une clef de lecture importante.
La brebis perdue peut être vue comme une image de celui qui, parmi les enfants de Dieu, cause scandale : ses paroles ou agissements choquent car ils ne sont pas conformes aux enseignements du Seigneur. Lorsque des personnes s’éloignent de l’Église par une conduite immorale ou des propos violents et critiques, la tentation est souvent celle de l’exclusion ; nous clamons : « anathème ! » Notre réaction est de nous protéger, de nous mettre à part pour ne pas être infestés, contaminés ou blessés par ce scandale. La brebis perdue devient l’objet de nos conversations : on déplore sa conduite, on s’offusque devant ses propos diffamatoires, on regrette le scandale qu’elle cause, on déplore qu’elle se soit séparée du troupeau.
Mais Jésus semble vouloir nous dire que, dans son royaume, notre conduite devrait être différente. Bien sûr, il n’approuve pas le fait qu’un de ses enfants cause scandale, comme il le souligne vigoureusement dans les versets 6 et 7 : « Malheur à celui par qui le scandale arrive ! » Cependant, il veut nous apprendre que ces situations douloureuses ne peuvent se résoudre que dans la charité. Charité qui n’est ni médisance, ni exclusion. Au lieu de critiquer ceux qui sont cause de scandale, de parler d’eux dans leur dos avec d’autres qui ne peuvent en rien remédier à la situation, il nous encourage à la correction fraternelle et nous demande d’avoir le courage d’aller à leur rencontre, seul, avec deux ou trois témoins ou en présence de l’Église pour faire tout notre possible pour les raisonner, les ramener au sein du Royaume. Il nous invite à leur rappeler, par nos paroles et notre charité, la grandeur de leur vocation d’enfants de Dieu et à les encourager à revenir dans la maison du Père. Ce ne sont ni nos critiques, ni la rupture des relations qui le leur permettront : seulement notre prière pour eux et notre bienveillance envers eux, tout en reconnaissant leur liberté de refuser la main qui leur est tendue.
3. Ainsi, alors que les disciples essaient de comprendre le Royaume en matière de classe sociale et de rang d’honneur – « Qui donc est le plus grand dans le royaume des Cieux ? » – Jésus leur enseigne qu’il n’existe qu’une seule catégorie, celle des enfants de Dieu. Aucun ne peut être méprisé, ni abandonné. Il nous rappelle dans cette parabole que recevoir le royaume c’est accepter d’entrer dans une dynamique de relation personnelle avec Dieu, qui aime chaque personne telle qu’elle est et d’un amour sans limite. Il est lui-même le bon Berger qui, comme les prophètes l’avaient annoncé lors de l’Exil, viendrait à la recherche des brebis perdues de la maison d’Israël (cf. Jr 24, 1-4). En se faisant homme, il instaure un nouveau type de royaume entre les hommes. Savons-nous nous aussi partir à la recherche de ceux qui sont perdus pour les ramener dans la maison de l’Église où le Père donne à chacun de ses enfants les grâces, les sacrements et l’amour qu’ils méritent comme enfants de Dieu ?
Jésus, bon Berger, tu t’es fait homme pour rassembler tes brebis : tu es venu chercher les égarées, guérir les malades, panser les blessées. Veille sur ton troupeau, sur chacun de tes enfants ! Je veux apprendre de toi et participer à ton œuvre du salut en conduisant vers le Père mes frères et sœurs qui se sont éloignés de toi. Accepte ma prière et mes efforts pour aller à leur rencontre. Que mes paroles et mes actions leur témoignent de ton amour !
Mesurer mes paroles aujourd’hui pour, qu’inspirées par la charité, elles servent le Royaume du Christ en cherchant à réconcilier les enfants de Dieu avec l’Église.