« Votre joie, personne ne vous l’enlèvera »

Saint Cyrille et saint Méthode
Évangile selon St Jean 16, 20-23a

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Amen, amen, je vous le dis : vous allez pleurer et vous lamenter, tandis que le monde se réjouira ; vous serez dans la peine, mais votre peine se changera en joie. La femme qui enfante est dans la peine parce que son heure est arrivée. Mais, quand l’enfant est né, elle ne se souvient plus de sa souffrance, tout heureuse qu’un être humain soit venu au monde. Vous aussi, maintenant, vous êtes dans la peine, mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira ; et votre joie, personne ne vous l’enlèvera. En ce jour-là, vous ne me poserez plus de questions. »

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Jésus, je veux passer ce moment avec toi, avec toi l’ami qui est mort pour moi sur la croix et ressuscité le troisième jour. Tu es présent dans mon cœur et tu as quelque chose à me dire aujourd’hui, à moi personnellement, aide-moi à me mettre à ton écoute. Aide-moi à mettre de côté tous les bruits de mon cœur, toute distraction, pour écouter ta voix dans le silence de mon âme.

Jésus, accorde-moi la grâce de persévérer jusqu’à la mort dans la foi en toi, dans l’amour pour toi, dans la confiance en toi.

1. Les paroles de Jésus dans l’Évangile d’aujourd’hui sont presque les dernières avant son grand silence, avant qu’il ne donne sa vie pour chacun de nous, en silence, en « agneau conduit à l’abattoir » (Is 53, 7). Après l’Évangile d’aujourd’hui, il ne fera plus qu’une chose avant sa Passion : prier pour ses disciples et prier pour le monde entier. Ensuite, il se donne. Il se laisse trahir par Judas, arrêter par les prêtres, condamner par son peuple, par les siens qui ne l’ont pas reçu (Cf. Jn 1, 11). Désormais, il sait que son heure est arrivée. C’est le moment pour lui de donner sa vie. Mais ce n’est pas à contrecœur qu’il s’avance vers sa Passion : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! » (Lc 12, 49-50) 2. « Amen, amen, je vous le dis : vous allez pleurer et vous lamenter (…) » Alors que c’est lui qui s’avance vers sa Passion, c’est de ses disciples qu’il se préoccupe, non de lui-même. Lui, il sait très bien ce qu’il fait. Et pourtant, les disciples pensent maintenant finalement comprendre Jésus : « Voici que tu parles ouvertement et non plus en images. » (Jn 16, 29) Mais croyaient-ils que les trois fois où Jésus leur avait annoncé qu’il mourrait rejeté des chefs des prêtres sur une croix, bafoué et outragé, il parlait en parabole ? Si Jésus invitait ceux qui voulaient le suivre à prendre leur croix, à se renier eux-mêmes et à le suivre, ils n’ont pas l’impression d’avoir pris une vraie croix sur leurs épaules. Certes, les trois années avec le Christ n’ont pas été de tout repos, et souvent il y avait l’ambigüité de suivre quelqu’un qui n’était pas reconnu par les autorités religieuses. Et maintenant que clairement Jésus ne parle plus en paraboles, il annonce pour les disciples pleurs et lamentations. 3. À la première Pâque de sa vie publique, Jésus évoquait déjà cette image de l’enfantement. Il en profitait pour dire à Nicodème qu’il devait être élevé pour que tous croient en lui, que parce qu’il nous aimait il devait passer par la souffrance de la croix. Jésus sera le premier d’entre tous, il est le nouvel Adam ; lui, chemin, vérité et vie, nous montre le chemin à suivre. Car toute vie chrétienne sera, à sa suite, marquée de la croix et du signe de la croix. C’est avec joie et honneur que tant de martyrs ont embrassé la croix. Mais, à la suite du Christ, le chrétien n’embrasse pas seulement la croix, mais la vie avec le Christ : il sait qu’à travers ses épreuves, il parvient au ciel, c’est-à-dire à la communion avec Jésus : « (…) je vous reverrai, et votre cœur se réjouira. » Il sait qu’après la croix se trouve la Résurrection ; qu’il sera réuni avec le Christ, source de toute vraie joie. De plus, le chrétien ne peut pas vivre la souffrance triste, car il sait qu’au milieu de la souffrance se trouve Jésus, car il sait que Jésus est le premier à avoir pris sa croix, et que désormais il n’y a pas de croix sans Jésus, et il n’y a pas Jésus sans la croix.

Jésus, en ce temps pascal, c’est bien cela que nous célébrons, ta victoire sur la mort, sur le péché, sur la souffrance. Merci, Jésus, d’avoir pris ta croix, pour être présent dans chacune de mes croix quotidiennes. Apprends-moi à porter mes croix avec toi, à ne pas essayer de les porter seul, car c’est alors qu’elles deviennent lourdes et pesantes. Aujourd’hui comme à tes disciples il y a 2000 ans tu me redis : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. » (Mt 11, 28)

Aujourd’hui, lorsque quelque chose me coûtera, face aux difficultés, je veux me rappeler que je ne suis pas seul, que Jésus a porté sa croix le premier et qu’il est auprès de moi et m’accompagne pour porter la mienne.

Frère Loïc Chabut, LC