« Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle »

Saint Anselme, évêque et docteur de l'Église
Evangile selon St Jean 6, 60-69

En ce temps-là, Jésus avait donné un enseignement dans la synagogue de Capharnaüm. Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? » Jésus savait en lui-même que ses disciples récriminaient à son sujet. Il leur dit : « Cela vous scandalise ? Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant ! … C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. » Jésus savait en effet depuis le commencement quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait. Il ajouta : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. »
À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »

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« Je devance l’aurore et j’implore : j’espère en ta parole. Mes yeux devancent la fin de la nuit pour méditer sur ta promesse. Dans ton amour, Seigneur, écoute ma voix : selon tes décisions fais-moi vivre ! » (Ps 118, 147-149)
Seigneur, toi seul as les paroles de vie éternelle ! Que je puisse t’écouter aujourd’hui.

1. « Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. »
À quelles paroles se réfère Jésus ? Le texte de l’Évangile d’hier nous les rapporte : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, (…) demeure en moi, et moi, je demeure en lui. (…) Celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. » (Jn 6, 54.56-57) Il y a, il est vrai, des paroles de Jésus qui au premier abord sont surprenantes ! Cependant, Jésus précise : « Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. » (Jn 6, 58) Il nous invite à nous ouvrir à son amour qui nous dépasse toujours ! Nous avons de nombreux exemples dans la Bible où l’on constate qu’effectivement : « Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants. » (Hb 4, 12). Lors de la création, « Dieu dit : Que la lumière soit et la lumière fut. » (Gn 1, 3). À un infirme, « Jésus dit : "Lève-toi, prends ton grabat et marche." Et aussitôt l’homme fut guéri ; il prit son brancard : il marchait. » (Jn 5, 8-9) La première lecture d’aujourd’hui nous raconte que Pierre dit à un paralysé : « Énéas, Jésus-Christ te guérit, lève-toi et fais ton lit toi-même. Et aussitôt il se leva. » (Ac 9, 34). De même, lorsque pendant la messe le prêtre dit : « Prenez, mangez, ceci est mon corps » (Mt 26, 26), le miracle de la transsubstantiation a lieu, et ce qui paraît pain n’est plus pain, mais le corps glorieux de Jésus, par lequel il nous donne sa vie, et « la vie en abondance ». (Jn 10, 10)

2. « Jésus savait en effet depuis le commencement (…) qui était celui qui le livrerait. »
Et cependant, il l’a choisi pour l’accompagner de près et lui a donné le même amour inconditionnel qu’aux autres ! Jésus respecte notre liberté ; et peu importe notre réponse, il continue toujours à nous aimer. Il ne récrimine pas contre ses disciples qui « s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. » Mais il souffre car ils s’éloignent de leur vrai bonheur, de la vraie vie en plénitude, de leur Père.
Je tourne moi aussi peut-être le dos à Jésus dans certaines circonstances ou bien je refuse peut-être certaines de ses paroles et m’éloigne de lui. Je peux les lui présenter, en parler avec lui de cœur à cœur, sans peur, même si je ne comprends pas tout, car j’ai confiance en lui et en son amour sans limite pour moi.

3. « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. »
Quelles sont ces paroles de Dieu que j’ai lues, écoutées, qui ont résonné dans mon cœur ? Ou bien ces promesses que Dieu m’a faites et qu’il a tenues, ou dont j’ai la certitude qu’il les accomplira ? Je peux m’en souvenir maintenant, aidé par l’Esprit Saint.

« Comment te rendrai-je, Seigneur, tout le bien que tu m’as fait ? Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur, moi, dont tu brisas les chaînes ? Je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce (eucharistie), j’invoquerai ton nom. » (Cf. psaume du jour, 115, 12.16-17)
Laissons Jésus nous inspirer quelle action nous pouvons faire pour mettre en œuvre ce que chacun a contemplé. Par exemple, prendre un moment pour prier avec le cœur les psaumes 114 et 115 : « J'aime le Seigneur : il entend le cri de ma prière ; il incline vers moi son oreille : toute ma vie, je l'invoquerai. J'étais pris dans les filets de la mort, retenu dans les liens de l'abîme, j'éprouvais la tristesse et l'angoisse ; j'ai invoqué le nom du Seigneur : Seigneur, je t'en prie, délivre-moi ! Le Seigneur est justice et pitié, notre Dieu est tendresse. Le Seigneur défend les petits : j'étais faible, il m'a sauvé. Retrouve ton repos, mon âme, car le Seigneur t'a fait du bien. Il a sauvé mon âme de la mort, gardé mes yeux des larmes et mes pieds du faux pas. Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants. Je crois, et je parlerai, moi qui ai beaucoup souffert, moi qui ai dit dans mon trouble : L'homme n'est que mensonge. Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu'il m'a fait ? J'élèverai la coupe du salut, j'invoquerai le nom du Seigneur. Je tiendrai mes promesses au Seigneur, oui, devant tout son peuple ! Il en coûte au Seigneur de voir mourir les siens ! Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur, ton serviteur, le fils de ta servante, moi, dont tu brisas les chaînes ? Je t'offrirai le sacrifice d'action de grâce, j'invoquerai le nom du Seigneur. Je tiendrai mes promesses au Seigneur, oui, devant tout son peuple, à l'entrée de la maison du Seigneur, au milieu de Jérusalem ! »
Mélanie Duriez, consacrée de Regnum Christi