Couleur liturgique : vert
Évangile selon saint Marc 2, 23-28
Un jour de sabbat, Jésus marchait à travers les champs de blé ; et ses disciples, chemin faisant, se mirent à arracher des épis. Les pharisiens lui disaient : « Regarde ce qu’ils font le jour du sabbat ! Cela n’est pas permis. » Et Jésus leur dit : « N’avez-vous jamais lu ce que fit David, lorsqu’il fut dans le besoin et qu’il eut faim, lui-même et ceux qui l’accompagnaient ? Au temps du grand prêtre Abiatar, il entra dans la maison de Dieu et mangea les pains de l’offrande que nul n’a le droit de manger, sinon les prêtres, et il en donna aussi à ceux qui l’accompagnaient. » Il leur disait encore : « Le sabbat a été fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat. Voilà pourquoi le Fils de l’homme est maître, même du sabbat. »
190122 Mc 2, 23-28 Le sabbat a été fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat.mp3 |
Seigneur Jésus, aujourd’hui, je voudrais prendre un moment rien que pour toi. Je ne ressens peut-être pas le besoin de te parler, je ne suis peut-être pas d’humeur à commencer une conversation avec toi. Dans ce cas, je ne t’adresse qu’une demande : parle-moi aujourd’hui ! Sainte Vierge Marie, je t’en prie, porte ma prière à ton Fils !
Seigneur Jésus, je te confie mes désirs les plus profonds ! Qu’ils me rapprochent de toi !
1. Dans le passage évangélique d’aujourd’hui, je vois les disciples de Jésus passer à travers champs en arrachant quelques épis de blé le jour du sabbat. Ce geste insignifiant à nos yeux est cependant très grave aux yeux des pharisiens. En effet, le respect du sabbat est l’un des premiers commandements, c’est même le signe hebdomadaire de l’alliance entre Dieu et son peuple (cf. Ex 31, 13-17). Certains rabbis allaient jusqu’à enseigner que l’homme était fait pour le sabbat. Et cela n’est pas faux. Ne sommes-nous pas créés pour prendre part au repos éternel de Dieu, au sabbat définitif du ciel ?
Mais quand les pharisiens parlent du sabbat, ils ne voient pas plus loin que le sabbat légal, avec toutes ses prescriptions : interdiction de travailler, interdiction de porter un objet pesant, interdiction de parcourir plus de neuf cent vingt mètres dans la journée, etc. C’est en accomplissant ces préceptes pointilleux qu’ils veulent arriver à la perfection. Et derrière leurs reproches aux disciples du Christ, il ne faut pas forcément voir de l’hypocrisie, mais peut-être simplement le sincère désir d’être fidèles à la Loi. Le problème, c’est qu’ils finissent par vénérer la Loi au lieu de vénérer Dieu. Ils s’imaginent que leur perfection dépend d’un effort humain, et non du pouvoir de Dieu. Et moi ? Est-ce que je mets ma confiance dans le respect d’une règle ? Ou est-ce que je la mets tout entière en Dieu ?
2. Écoutons attentivement la réponse de Jésus aux pharisiens. Il commence par se placer sur le même terrain que ses adversaires. Puisqu’ils sont experts en Écriture Sainte, Jésus leur cite le passage du livre de Samuel où le jeune David rassasia sa faim et celle de ses compagnons en mangeant les pains consacrés de la maison de Dieu alors qu’il fuyait devant le roi Saül (cf. 1S 21, 1-11). Il s’agit là d’une faute grave, puisque ces pains étaient réservés aux prêtres. Les pharisiens devraient s’insurger contre cette infidélité. Mais comment pourraient-ils critiquer le saint roi David, le symbole de leurs espoirs messianiques ? Si David a enfreint la loi, c’est parce que la loi n’était pas une fin en soi, mais elle existait en vue de l’alliance, elle visait à faire du peuple d’Israël un peuple consacré à Dieu.
En échappant à Saül et en devenant son successeur sur le trône, David renouvellera justement cette alliance. Celle-ci n’était, à son tour, qu’un moyen en vue d’une fin encore plus grande : l’union définitive de l’homme à Dieu. C’est pourquoi le Christ déclare que « le sabbat a été fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat ». L’homme est au centre, le reste est secondaire. La plénitude de la vie humaine, c’est-à-dire l’union à Dieu, est la fin et le reste n’est que moyens.
Et moi ? Suis-je prêt à reconnaître que mes habitudes et mon rythme de vie ne sont que des moyens pour m’unir à Dieu ? Suis-je prêt à m’en détacher ? Ou ai-je un petit sabbat, une habitude, une règle à laquelle je suis tellement attaché que j’oublie le vrai sens de ma vie ?
3. Dans la dernière phrase de ce passage de l’Évangile, le Christ affirme clairement son autorité. C’est la deuxième fois dans l’Évangile de Marc qu’il se donne le titre de « Fils de l’homme », qui renvoie à la vision apocalyptique du livre de Daniel : « Je regardais, au cours des visions de la nuit, et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme ; il parvint jusqu’au Vieillard, et on le fit avancer devant lui. Et il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et les gens de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite . » (Dn 7, 13-14) Quand Jésus s’attribue le titre de Fils de l’homme, c’est donc une immense autorité qu’il revendique. Lui seul peut me donner la vie éternelle, le vrai sabbat qui ne finit pas.
Cependant, autorité n’est pas synonyme d’écrasement. Dans le passage d’aujourd’hui, je vois le regard bienveillant, presque paternel du Christ, non seulement sur ses disciples, mais aussi sur les pharisiens. S’il ne refuse pas de leur parler, c’est parce qu’il désire les enseigner, assouplir leur rigidité et guérir leur aveuglement. Et moi, comment est-ce que je considère l’autorité ? Comme un privilège qui permet de s’affranchir des règles ? Ou bien comme un service rendu aux frères, comme participation à la paternité de Dieu ?
Seigneur, tu connais ma soif de repos, tu sais combien j’aspire à la paix et au bonheur ! Je t’en prie, sers-toi de mes désirs pour m’attirer à toi ! Ne permets pas que mon désir de bonheur reste bloqué dans un demi-repos, mais aide-moi à continuer à te chercher jusqu’à ce que je repose en toi !
Aujourd’hui, je profiterai d’un temps mort pour élever mes désirs de repos vers le Seigneur.