Le royaume des enfants du Père

Couleur liturgique : vert

Évangile selon saint Matthieu 19, 13-15

En ce temps-là, on présenta des enfants à Jésus pour qu’il leur impose les mains en priant. Mais les disciples les écartèrent vivement. Jésus leur dit : « Laissez les enfants, ne les empêchez pas de venir à moi, car le royaume des Cieux est à ceux qui leur ressemblent. » Il leur imposa les mains, puis il partit de là.

Télécharger le fichier audio

(En paraphrasant le psaume 15)

Mon Dieu, garde-moi, protège-moi. J’ai fait de toi mon refuge. Tout peut m’arriver car puisque tu es avec moi, je n’ai rien à craindre. Je reconnais que ma vie dépend de toi. Je te bénis, Seigneur, toi qui me conseilles, toi qui jamais ne m’abandonnes. Tu m’apprends le chemin de la vie. Mon bonheur et ma joie, c’est toi.

Par ton Esprit, Seigneur, fais-moi renaître et vivre en enfant, petit enfant du Père.

1. Nous pouvons nous étonner, nous émerveiller de la tendresse de Dieu pour ses enfants, spécialement en Jésus, Dieu fait homme, parce qu’en lui cette tendresse divine s’exprime par les sens : le regard, l’écoute, le toucher, le parler. En prenant des expressions des synoptiques racontant cet épisode : « Jésus les fit venir à lui (…) » (Lc 18, 16), « Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains. » (Mc 10, 16), nous entendons que ce sont non seulement des enfants, mais même des nourrissons (Cf. Lc 18, 15). Cette tendresse se manifeste envers des enfants, des petits… et des grands ; comme lorsque Jésus s’adresse à ses apôtres en leur disant : « Petits enfants (…) » (Jn 13, 33) à la dernière Cène.

2. Jésus dit : « Le royaume des Cieux est à ceux qui leur ressemblent. »

En quoi puis-je ressembler à ces enfants et nourrissons ? Deux éléments peuvent nous aider. Le premier élément est la suite de la réponse de Jésus aux disciples, racontée par Luc et Marc : « Celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. » (Mc 10, 15 et Lc 18, 17). La ressemblance nécessaire se trouve donc dans la manière d’accueillir ce Royaume.

Le deuxième est le passage qui suit cet épisode, commun aux synoptiques : celui de l’homme, notable selon Luc (Cf. Lc 18, 18), jeune selon Matthieu (Cf. Mt 19, 20), très riche dans tous les cas (Cf. Mt 19, 22 ; Mc 10, 22 ; Lc 18, 23). Le Christ continue à parler de ce qui empêche ou permet d’entrer dans le royaume de Dieu. L’homme qui vient trouver Jésus observe parfaitement les commandements. Mais il n’est pas encore dans le Royaume de Dieu. Il lui manque une chose, une seule : donner sa grande richesse aux pauvres et s’en aller à la suite de Jésus. Et cela fait dire au Christ qu’il est difficile pour ceux qui ont de grandes richesses d’entrer dans le Royaume. Lorsque les disciples baissent les bras, voyant qu’ils ne peuvent pas non plus y parvenir, le Seigneur ajoute : «Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. » (Mc 10, 27). Faire l’expérience, comme les petits, que je ne peux pas, que je n’ai pas la force, que cela m’est impossible ; à la différence de l’adulte qui veut et qui peut. Cette ressemblance avec l’enfant est la fameuse petite voie de la petite Thérèse. Plus qu’entrer dans le royaume de Dieu par ses propres forces, c’est accueillir ce Royaume, qui est Jésus lui-même. Il ne s’agit plus d’un amour sans faille qui s’appuie sur sa capacité mais la confiance en l’amour infini. Parce que c’est lui, le Seigneur, qui vient à moi, pécheur, pour me prendre dans ses bras miséricordieux.

3. Ce que j’ai à faire alors est de choisir Dieu, par la confiance que je mets en lui.

Dans la lecture nous entendons Josué, successeur de Moïse, médiateur entre Dieu et son peuple. Et il demande à ce dernier : « Choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir. » La relation avec le Seigneur est une relation personnelle où les deux participants sont protagonistes. Le Seigneur a choisi le peuple, il l’a même constitué. Maintenant c’est au peuple de choisir s’il veut cette relation avec ce que cela implique. Le peuple répond à Josué : « C’est le Seigneur notre Dieu que nous voulons servir, c’est à sa voix que nous voulons obéir. » Choix libre, duquel le médiateur du Seigneur rappelle la manière de vivre : « Alors, enlevez les dieux étrangers qui sont au milieu de vous, et tournez votre cœur vers le Seigneur, le Dieu d’Israël. » Ces dieux étrangers, cette idolâtrie, c’est faire de quelque chose d’autre mon dieu, faire qu’une créature dirige ma vie, et souvent c’est une chose que j’ai l’impression de contrôler, qui me donne de l’assurance, du moins, c’est ce que je crois, en qui je mets ma confiance, mais en fait il s’agit d’une statue qui ne voit pas, ne peut rien… C’est un leurre et une prison (Cf. Ps 113 b et 115).

Et de ce chemin de mort, le Seigneur veut me libérer. Une fois encore je suis invité à la confiance dans le Seigneur. Comme l’écrit notre grande sœur, la petite Thérèse : « C’est la confiance, rien que la confiance qui conduit à l’amour. » (LT 197) La confiance du fils, petit enfant, en son père. Voici ce qui nous fait entrer en terre promise, dans le Royaume des cieux.

Ô Jésus, Roi d’amour, j’ai confiance en ta miséricordieuse bonté !

(à répéter posément autant de fois que cela fait de bien à l’âme)

Choisir aujourd’hui le Seigneur. Lui dire mon désir de vivre de son amour. Et en réponse de l’aimer de tout mon être avec une infinie confiance.

Anne-Marie Terrenoir, consacrée de Regnum Christi