« Le publicain redescendit dans sa maison ; c’est lui qui était devenu juste, plutôt que le pharisien »

Couleur liturgique : vert

Évangile selon saint Luc 18, 9-14

En ce temps-là, à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici : « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts). Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : ‘Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.’

Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : ‘Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !’ Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »

Télécharger le fichier audio

« Dieu qui fais justice, Seigneur, Dieu qui fais justice, parais ! » (Ps 93, 1) De tout mon cœur, Seigneur mon Dieu, je veux t’aimer, te rendre grâce et t’offrir ma vie, car rien de ce que j’ai ne vient de moi. J’ai tout reçu de toi. Tu me donnes la vie à tout moment. Tu es la source de ma paix et de ma joie. Que ton nom soit glorifié à jamais.

Donne à ma prière, Seigneur, l’esprit d’humilité, pour que jamais je ne sois séparé de toi.

1. « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. »

En plus du lieu physique de rencontre avec Dieu, la véritable rencontre a lieu dans la conscience. Or, parmi les interlocuteurs de Jésus, ceux qui étaient convaincus d’être justes l’étaient certes en conscience. Oui, mais quelle conscience ?

La conscience humaine n’est pas autoréférentielle. Elle est « le sanctuaire où (l’homme) est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre » ; il y découvre une loi (cf. CEC 1776). Souvent, la voix de Dieu est étouffée par le bruit de nos pensées, du monde ou du Tentateur. Or, la justice vient de Dieu. Elle ne s’achève pas dans la seule exécution de la loi mais dans la continuité de l’écoute. « Écoute, Israël ! »

2. « Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes (…) » L’orgueil du pharisien est en flagrante opposition à l’humilité du publicain. En prononçant sa propre sentence, il dit inconsciemment ne pas avoir besoin de la miséricorde de Dieu. Il oublie cependant qu’il porte une dette qui lui est commune à tous les autres hommes.

Si nous sommes fidèles à la loi, c’est parce que nous l’avons reçue par transmission, nous l’avons approfondie par les Écritures, les prophètes, les apôtres et les pasteurs de l’Église. En l’acceptant, notre vie a été structurée, affermie. Le bienfait revient en premier lieu à nous-mêmes. Nous n’avons donc pas à nous en vanter.

3. « Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »

Conscient de son péché, le publicain s’humilie devant Dieu. Or, Dieu seul connaît les circonstances de sa compromission au péché et tient compte des conditions de vie, d’éducation, d’expériences, d’autant plus que ce pauvre pécheur ne cherche pas à se justifier.

Dans sa misère morale, le publicain n’apprécie-t-il pas mieux la sainteté de Dieu que toute autre personne qui se prétend fidèle ? Ce hors-la-loi vis-à-vis du droit divin se soumet à la sentence divine dont il reconnaît la justice.

Je lève mon regard vers toi, ô Jésus crucifié, rempli de confusion. Ta croix reflète la honte de mon péché en même temps que la grandeur de ton amour ! Tu me justifies auprès du Père. Nos regards se croisent, tu me pardonnes. Déjà se lève en moi l’espérance de la résurrection. Je bénis le Père non pas pour ce que je suis, mais pour ce qu’il est et ce qu’il me donne d’être : pécheur repenti, pécheur pardonné.

Je demande pardon à celui que j’ai dernièrement offensé. Je demande pardon à Dieu.

Père Jaroslav de Lobkowicz, LC