La rencontre avec une personne

Couleur liturgique : vert

Évangile selon saint Matthieu 11, 20-24

Alors Jésus se mit à faire des reproches aux villes où avaient eu lieu la plupart de ses miracles, parce qu’elles ne s’étaient pas converties : « Malheureuse es-tu, Corazine ! Malheureuse es-tu, Bethsaïde ! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez vous avaient eu lieu à Tyr et à Sidon, ces villes, autrefois, se seraient converties sous le sac et la cendre.

Aussi, je vous le déclare : au jour du Jugement, Tyr et Sidon seront traitées moins sévèrement que vous. Et toi, Capharnaüm, seras-tu donc élevée jusqu’au ciel ? Non, tu descendras jusqu’au séjour des morts ! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez toi avaient eu lieu à Sodome, cette ville serait encore là aujourd’hui.

Aussi, je vous le déclare : au jour du Jugement, le pays de Sodome sera traité moins sévèrement que toi. »

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« Ô Toi l'au-delà de tout, tu as tous les noms, comment t'appellerai-je ? Toi le seul qu'on ne peut nommer ; quel esprit céleste pourra pénétrer les nuées qui voilent le ciel lui-même ? Aie pitié, ô Toi, l'au-delà de tout ; comment t'appeler d'un autre nom ? Amen. » (Prière de saint Grégoire de Naziance).

Seigneur, fais que je t’approche aujourd’hui dans ton mystère, toi l’au-delà de tout. Ouvre mon esprit, qui ne peut pas te comprendre, à un amour simple et silencieux.

1. Quelques paroles de Jésus nous laissent perplexes. Elles sont dures, difficiles pour nous. On peut et on doit chercher une explication textuelle et contextuelle. Mais même une formation solide n’enlève pas ces moments où nous sommes confrontés à un passage difficile, car « elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur (…) » (He 4, 12). Aujourd’hui, avons-nous pris le temps de lire l’Évangile du jour et de nous laisser interpeller ?

2. Devant un texte difficile, nous avons quatre chemins possibles. Le premier, remanier le texte pour trouver une jolie explication spirituelle qui évite toute difficulté : « en fait c’est un passage qui parle de la miséricorde… ». Une deuxième option est de passer à un autre texte, sauter le passage qui pose problème. Troisièmement, se plaindre du texte. La quatrième approche constate que le texte est dur, mais nous acceptons de rester dans le mystère. Les trois premières approches du texte cherchent à comprendre une idée. La quatrième cherche à comprendre une personne, cherche à écouter, pose des questions et attend une réponse. Quelle approche m’est plus fréquente, autant dans mes échanges avec ma famille, mon entourage, qu’avec le Seigneur ?

3. Prendre le quatrième chemin, chercher le Christ comme personne, mystère, « Toi au-delà de tout », nous évite le malheur de Corazine et Bethsaïde. Ces villages vivent avec le Seigneur mais ils évaluent son message et non pas sa personne. Il les appelle « malheureux » car ils sont incapables de le reconnaître. Pourtant, « À l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive . » (Deus caritas est 1, Benoît XVI, 2005)

Seigneur, qu’est-ce que mon approche de ce texte me révèle sur mon approche de toi et de ton mystère ? Quelle est l’origine de mon « être chrétien » ?

Dans mon temps de prière, et dans une conversation aujourd’hui, prendre le temps d’écouter l’autre tel qu’il est, sans le changer ou l’adapter à moi.

Sarah Cleary, consacrée de Regnum Christi