Couleur liturgique : vert
Évangile selon saint Matthieu 12, 1-8
En ce temps-là, un jour de sabbat, Jésus vint à passer à travers les champs de blé ; ses disciples eurent faim et ils se mirent à arracher des épis et à les manger. Voyant cela, les pharisiens lui dirent : « Voilà que tes disciples font ce qu’il n’est pas permis de faire le jour du sabbat ! » Mais il leur dit : « N’avez-vous pas lu ce que fit David, quand il eut faim, lui et ceux qui l’accompagnaient ?
Il entra dans la maison de Dieu, et ils mangèrent les pains de l’offrande ; or, ni lui ni les autres n’avaient le droit d’en manger, mais seulement les prêtres. Ou bien encore, n’avez-vous pas lu dans la Loi que le jour du sabbat, les prêtres, dans le Temple, manquent au repos du sabbat sans commettre de faute ?
Or, je vous le dis : il y a ici plus grand que le Temple. Si vous aviez compris ce que signifie : Je veux la miséricorde, non le sacrifice, vous n’auriez pas condamné ceux qui n’ont pas commis de faute. En effet, le Fils de l’homme est maître du sabbat. »
190719 Mt 12, 1-8 Jésus, maître du shabbat.mp3 |
Seigneur, me voici devant toi. Je t’offre et te consacre ces quelques minutes d’attention et de prière. Éclaire ma réflexion et ma méditation. Sois ma lumière.
Ouvre mon cœur, Seigneur, à la loi nouvelle que tu nous as révélée dans le Christ.
1. Les pharisiens ne reprochent pas aux disciples de Jésus d’avoir arraché des épis et de les avoir mangés, mais ils leur reprochent de l’avoir fait le jour du sabbat. Quel est donc le sens de ce reproche ? Pour le comprendre, il faut rappeler quelle est la raison d’être du jour du sabbat. Dans le décalogue, Dieu demande à Moïse et au peuple de se souvenir du jour du sabbat pour le sanctifier, c’est-à-dire pour le mettre à part des autres jours de la semaine, en vue du culte à rendre à Dieu ce jour-là. Le sabbat est le septième jour de la création, c’est-à-dire le dernier jour qui a consacré l'achèvement de l'œuvre créatrice de Dieu. Il s'est reposé après son ouvrage et le livre de l'Exode demande à l'homme de se reposer comme son Créateur (Cf. Ex 20, 8).
Le sabbat est également compris comme le jour où les Juifs sont invités à faire mémoire du temps où ils étaient esclaves en Égypte, soumis au travail forcé, et comment Dieu les a libérés de cet esclavage (Dt 5, 15). Ainsi, la cessation de tout ouvrage le septième jour vient rappeler qu’on ne doit pas redevenir esclave de son propre travail, comme en Égypte. C’est pourquoi, le jour du sabbat les activités liées au travail du reste de la semaine ne sont pas permises. Ainsi, par exemple, moissonner les champs un jour de sabbat n’est pas permis. Le fait d’arracher des épis ce jour-là est assimilé au travail de la moisson. On comprend donc pourquoi les pharisiens en font le reproche aux disciples de Jésus.
2. Jésus va contredire la rigidité avec laquelle ils appliquent la Loi en leur donnant deux exemples tirés de leur propre histoire. Le premier se réfère à David fuyant la jalousie meurtrière du roi Saül. Alors que lui et ses hommes ont faim, ils parviennent chez le prêtre Ahimélek et lui demandent du pain. Ce dernier leur répond qu’il n’a que du pain d’oblation, réservé aux prêtres. Pourtant, en les voyant affamés, Ahimélek applique une dérogation. Il consent à leur en donner. Le deuxième exemple est celui de l’activité des prêtres dans le temple, le jour du sabbat.
D’après les indications de Dieu à Moïse, le jour du sabbat, les prêtres doivent « travailler » puisqu’il leur est demandé de faire des pains et de les placer dans le Saint des saints accompagnés d’encens (Cf. Lv 24, 5-8). De plus, il est également demandé aux prêtres d’offrir des sacrifices le jour du sabbat (Cf. Nb 28, 9-10). Si les prêtres eux-mêmes ne sont pas en faute, alors qu’ils n’observent pas fidèlement le sabbat, c’est donc qu’il y a la place à un discernement pour savoir comment appliquer cette loi.
3. Il y a plus encore derrière les paroles de Jésus. Les prêtres dont on vient de parler officiaient à l’intérieur du temple, c’est-à-dire dans le lieu le plus saint par excellence, le lieu de la présence de Dieu. Or, voici que Jésus, pour asseoir son autorité et pour valider ce qu’il vient d’expliquer, leur dit : « Il y a ici plus grand que le temple. » C’est une manière d’exprimer sa messianité et sa divinité. Jésus est plus grand que le Temple, car il n’abrite pas la présence de Dieu, mais il est lui-même Dieu !
Et voilà qu’il rappelle les paroles du prophète Osée : « C’est la miséricorde que je veux, et non les sacrifices. » (Os 6, 6) Jésus dit aux pharisiens que s’ils avaient saisi le sens de ces paroles, ils n’auraient pas condamné des gens qui sont sans faute. Il se réfère bien entendu au fardeau de la loi que les pharisiens font peser scrupuleusement sur les épaules du peuple. Jésus leur rappelle que même une institution divine comme le sabbat n’a pas une valeur absolue et qu’elle doit toujours être ordonnée à la miséricorde. De fait, Jésus fera de nombreuses guérisons le jour du sabbat, malgré les critiques des pharisiens. Jésus conclut la discussion avec l’affirmation de la supériorité de la loi nouvelle qu’il instaure désormais : « Le Fils de l’homme est maître du sabbat. »
Jésus, libère-moi de tous les scrupules qui ne sont pas ordonnés à la miséricorde et à la charité. Que ton exemple d’amour inconditionnel au prochain devienne mon idéal, par-dessus mes fausses sécurités, comme peuvent l’être le souci de mon image, la satisfaction d’avoir appliqué la règle, le perfectionnisme ou la complaisance dans le devoir accompli sans charité.
Aujourd’hui, je chercherai à servir le Seigneur plus par la charité dans mes relations, mes regards et mes paroles, que dans le travail froidement réalisé.