Couleur liturgique : rouge
En ce temps-là, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux. Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille. Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus. Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande. Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.
Ils descendirent de la montagne, et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. Et ils restèrent fermement attachés à cette parole, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d’entre les morts ». Ils l’interrogeaient : « Pourquoi les scribes disent-ils que le prophète Élie doit venir d’abord ? » Jésus leur dit : « Certes, Élie vient d’abord pour remettre toute chose à sa place. Mais alors, pourquoi l’Écriture dit-elle, au sujet du Fils de l’homme, qu’il souffrira beaucoup et sera méprisé ? Eh bien ! je vous le déclare : Élie est déjà venu, et ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu, comme l’Écriture le dit à son sujet. »
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Viens, Dieu mon Père, transfigurer toute ma personne en ton Fils bien-aimé par la lumière resplendissante et transformante de l’amour de l’Esprit-Saint !
Esprit-Saint, fais-moi découvrir une lumière pendant cette journée qui m’incite à vivre pour servir mon prochain par amour dans la joie !
1. « (…) Seuls, à l’écart (…) »
Jésus choisit trois de ses apôtres pour les emmener seuls, à l’écart. L’amour du Seigneur est exclusif. Il choisit Pierre, Jacques et Jean, quand il aurait pu choisir André, Thomas ou Philippe. Cet amour exclusif demande naturellement une réponse exclusive de notre part car il est impossible d’aimer deux maîtres. Jésus veut établir avec chacun de nous une relation unique car il veut jouir d’un tête-à-tête sans interférence.
Il nous fait monter sur une haute montagne, à l’écart puisqu’en haut, sur le mont, rien ne vient distraire cette rencontre d’amour. Il est nécessaire de se retirer, de s’oublier et parfois même de savoir s’effacer pour suivre le Christ sur la montagne.
2. « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! »
Une fois seul avec lui sur la montagne à l’écart, contemplons-le dans sa Transfiguration avec Moïse et Élie : «Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille. » Imaginons cette scène tranquillement en observant de loin les apôtres, puis Moïse et Élie, et enfin Jésus et cette blancheur resplendissante de ses vêtements. Attardons-nous à scruter du regard l’invisible et l’inimaginable qui a poussé saint Pierre à vouloir dresser trois tentes, comme pour éterniser ce moment.
Dressons l’oreille pour écouter Dieu le Père dire à son Fils : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » Ce tête-à-tête avec le Christ nous ouvre donc un horizon inédit : Jésus veut se montrer en dialogue avec Moïse, représentant la loi, et Élie, rappelant les prophètes. La loi et les prophéties s’incarnent en la personne du Verbe, au sein d’un peuple et d’une histoire concrète. Et cette Incarnation est surtout une filiation pleine d’amour. Sachons, nous aussi, découvrir cette irruption de l’amour de Dieu le Père dans notre vie quotidienne, car sans se sentir aimé, il est impossible, et même pour le Fils de Dieu, d’aimer.
3. Élie
Toutes les bonnes choses ont une fin. Ce moment paradisiaque s’arrête tout court au verset 8 : « Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux. » En plus, en descendant de la montagne, Jésus leur ôte tout enthousiasme et toute allégresse en leur interdisant d’en parler jusqu’à ce qu’il soit ressuscité des morts. À leur frayeur de ce moment bouleversant de la Transfiguration s’ajoute une perplexité face à de tels propos mystérieux, car ils se demandaient « ce que voulait dire : ‘’ressusciter d’entre les morts’’ » (Mc 9, 10).
Comme des juifs attentifs à la religion, ils lui demandent : « Pourquoi les scribes disent-ils que le prophète Élie doit venir d’abord ? » (Mc 9, 11). Et le Christ leur confirme avec autorité qu’ « Élie vient d’abord pour remettre toute chose à sa place » (v. 12), et qu’il « est déjà venu, et ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu, comme l’Écriture le dit à son sujet » (v. 13). Entre ces deux affirmations, Jésus leur pose une question oratoire : « Mais alors, pourquoi l’Écriture dit-elle, au sujet du Fils de l’homme, qu’il souffrira beaucoup et sera méprisé ? » La venue d’Élie semblerait donc inutile si le Fils de l’homme est à nouveau rejeté. En fait ce n’est pas le cas car Jésus ne vient pas abolir ni la loi, ni les prophètes. Il vient les accomplir dans sa propre personne par sa Passion, sa mort et sa Résurrection. Tel est le message de la Transfiguration. Le Seigneur veut nous emmener en haut sur la montagne du Thabor pour nous faire goûter les prémisses de sa Résurrection sans pour autant nous faire oublier le calvaire. En effet, tout passe et doit passer par son mystère pascal, et ainsi il rétablira toute chose en chacun de nous et il se transfigurera en nous.
Ô Seigneur, viens te révéler dans mes fragilités et mes faiblesses ! Donne-moi une foi assez grande pour m’offrir à toi totalement comme cette hostie dans les mains du prêtre ! Viens rétablir toutes choses en mon cœur malade et esclave du péché ! Je veux devenir ton autel sur lequel tu puisses librement t’unir à moi pour te transfigurer en ta gloire ! Moins de moi, plus de toi !
Aujourd’hui, j’offrirai mes croix (des moments ou des actes contraignants ou difficiles) pour que le Christ vienne s’y transfigurer. J’apprendrai à m’oublier pour me laisser habiter par le Christ.